Design et tendances
Revisiter avec modernité

Le projet des hôtels littéraires se poursuit en 2015 avec l’ouverture de l’hôtel Gustave Flaubert en Normandie, dans le cœur historique de la ville de Rouen. L’œuvre de Flaubert, dont on dit que le style transformait les choses de manière exceptionnelle, a beaucoup inspiré Proust. Il s’agit donc d’une suite logique au premier chapitre de cette aventure.
Flaubert est né en 1821 à l’Hôtel-Dieu de Rouen, devenu aujourd’hui le Musée Flaubert et d’histoire de la médecine. Le célèbre écrivain a passé une grande partie de sa vie dans sa ville natale, la fière Rouen lui consacre donc une grande partie de son patrimoine, multipliant les statues et lieux dédiés à sa mémoire.
Flaubert a également vécu à Croisset, lieu-dit de la bourgade de Canteleu situé près de Rouen sur la rive droite de la Seine. Il est mort à Paris en 1880 avant d’avoir achevé son projet d’édition d’une œuvre théâtrale fantaisiste, « Le Château des cœurs ».
Flaubert rayonnait à Rouen comme Proust brillait à Paris. Il a beaucoup décrit la ville dans ses œuvres littéraires. Une carte reproduisant Rouen en 1871 est disponible à l’hôtel pour permettre aux gens de passage de découvrir des lieux racontés par l’écrivain. L’établissement demeure néanmoins en phase avec son époque et invite le public à participer à sa promotion par des interactions sur les réseaux sociaux, notamment Instagram. Le partage de vidéos réalisées à l’intérieur de l’hôtel et dans les rues de Rouen est plus que bienvenu.


Hélène Montjean choisit les noms des étages et des chambres pour offrir aux visiteurs une vision d'ensemble de l’écrivain et l’œuvre mis à l’honneur dans chaque établissement hôtelier, rédige un texte explicatif pour chaque chambre et trouve des citations à inclure dans les éléments de décoration. Elle est également l’auteure des livrets et autres documents que comportent les hôtels, comme la chronologie illustrée de l’écrivain à l’honneur et le plan historique de la ville ou du quartier où l’établissement est implanté.


Un design harmonieux et gracieux
Les six étages de l’hôtel Gustave Flaubert révèlent un ensemble historique et ludique référant à la vie de l’écrivain et à ses œuvres.
Dessiné par l’architecte d’intérieur Aude Bruguière assistée d’Aleth Prime, il propose une décoration marquée par l’époque faste du XIXe siècle. Une section du rez-de-chaussée dédiée au boudoir d’Emma Bovary est remarquable, avec son papier peint au fond couleur vert poire et au feuillage rose éteint, ses appliques-bougies, ses lustres en pampilles, ses horloges à chinoiseries et ses petits guéridons. Elle illustre formidablement cette période où la bourgeoisie provinciale s’ennuyait, si bien dépeinte par Flaubert.
6 étages de découvertes
Déposer et faire ses valises
Les différents étages ont été conceptualisés par Hélène Montjean de la Société des hôtels littéraires. La ligne éditoriale de cette conseillère littéraire est une invitation au voyage, un thème récurrent décliné à chaque étage pour offrir des atmosphères particulières et agréablement surprenantes.
Le rez-de-chaussée est consacré en grande partie à l’œuvre Madame Bovary et ses protagonistes, dont Rodolphe, Léon, Charles Bovary et Félicité. Il fait également référence à des œuvres moins connues tel Un cœur simple et Bouvard et Péruchet, dont l’action se déroule en Normandie.
Le premier étage est une illustration du livre l’Education sentimentale dont l’histoire se déroule en 1848, principalement à Paris (où Flaubert a fait ses études) et ses environs (Fontainebleau, Nogent). On a souvent dit que le personnage principal du roman, Fréderic, était l’alter-ego de l’écrivain.
Le 2e étage est consacré au livre Salambo, nom du Carthage antique. Dans cette œuvre forte, Flaubert met en scène des guerriers et mercenaires passionnés et des femmes flamboyantes, à l’opposé de Madame Bovary.
Le 3e étage évoque des passions et des amitiés de l’auteur, notamment avec les noms de ses chambres : Guy de Maupassant, Georges Sand, Louise Colet, Ivan Tourgueniev, les frères Goncourt, Maxime Du Camp, Ernest Chevalier.
Le 4e étage est quant à lui dédié à plusieurs œuvres et projets d’écriture, correspondances et nouvelles dont Hérodias et le premier roman de Flaubert écrit en 1838 : La mémoire d’un fou. La Tentation de Saint-Antoine est le roman-clef où s’identifie l’écrivain à travers Saint-Antoine à l’époque où il vit comme un ermite dans sa demeure de Croisset, tant il travaille. Deux chambres illustrent ce grand roman.
Enfin, le dernier étage retrace également les voyages de Flaubert, en Normandie, en Bretagne, en Corse, en Italie et en Egypte. Hélène Montjean explique : « Ces choix correspondent à des œuvres de Flaubert, moins connues. Par exemple, j’ai choisi l’œuvre Par les champs et par les grèves pour illustrer la Bretagne et mettre en lumière la correspondance de Flaubert avec Louise Colet, sa maîtresse. La chambre « Pyrénées-Corse » est consacrée au voyage de deux mois que Flaubert a entrepris à travers les Pyrénées et témoigne de sa correspondance avec Ernest Chevalier qui s’est rendu en Corse au même moment. La chambre « Voyage en Italie » illustre diverses correspondances qui l’ont inspiré pour La tentation de Saint-Antoine. Enfin, la dernière chambre du 5e étage est dédiée à l’Egypte où Flaubert et Maxime Du Camp ont débuté en 1849 un long voyage d’un an et demi qui s’est poursuivi à Jérusalem, Constantinople, en Grèce et en Italie. C’est à leur retour que Flaubert a débuté l’écriture de Madame Bovary.


Rouen
Situé au cœur du Vieux Rouen tout près de la place du Vieux-Marché, l’hôtel Gustave Flaubert a le charme des lieux patrimoniaux normands médiévaux dont l’architecture se caractérise par des colombages apparents entre des murs de crépi. Des contrats négociés avec l’Opéra de Rouen et avec l’Ecole de commerce internationale Neoma permettent à l’hôtel de compter des musiciens et professeurs invités parmi ses clients réguliers.


Dans la grande demeure de Croisset, Flaubert recevait d’illustres amis tels Guy de Maupassant, Georges Sand, Ivan Tourgueniev et les frères Goncourt.


La statue de Gustave Flaubert trône fièrement dans le hall d’entrée. Il s'agit d'une réplique en plâtre de la statue en bronze de Flaubert par Léopold Bernard Bernstamm (1859-1939). Une bibliothèque qui fait face à la salle à manger comprend les volumes concernant l’auteur parmi les 500 qui sont répartis dans l’hôtel et ce dans plus de 20 langues.


À la tête de chaque lit
Afin de rendre une atmosphère fusionnant littérature et voyage, à la tête de chaque lit de chaque chambre on peut lire un des beaux passages de L'Éducation sentimentale décrivant le héros Frédéric Moreau

« Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues. Il revint. Il fréquenta le monde, et il eut d’autres amours encore. Mais le souvenir continuel du premier les lui rendait insipides ; et puis la véhémence du désir, la fleur même de la sensation était perdue. Ses ambitions d’esprit avaient également diminué. Des années passèrent ; et il supportait le désœuvrement de son intelligence et l’inertie de son cœur. »
Dans chaque chambre, un texte explicatif encadré au mur et signé Hélène Montjean apporte des détails sur le personnage auquel la chambre est consacrée. Chaque chambre présente aussi une aquarelle signée Jean Aubertin, inspirée de la description d’un personnage d’un roman de Flaubert ou d’une personnalité de son entourage, et une illustration d’un lieu cité dans l’un de ses ouvrages. Par exemple, pour la chambre de Maxime Du Camp, écrivain et ami très intime de Flaubert, l’aquarelle illustre une sculpture égyptienne surmontée par celui-ci.
Les six hôtels littéraires
Paris : Hôtel littéraire Le Swann (2013)
Rouen : Hôtel littéraire Gustave Flaubert (2015)
Clermont-Ferrand: Hôtel littéraire Alexandre Vialatte (2016)
Paris : Hôtel littéraire Marcel Aymé (2018)
Paris: Hôtel littéraire Arthur Rimbaud (2019)
Biarritz: Hôtel littéraire Jules Verne (2021)